L’hommage discret du président

Le 25 janvier à 6h00 par Frédérique Michalak | Mis à jour il y a 11 heures

PHOTO/Photo Harry Jordan

La visite de François Hollande était annoncée « à huis-clos » (notre édition d’hier). Elle le fut. Arrivé à 14 h 19 sur le tarmac de l’aéroport de Rivesaltes dans le Falcon tricolore de la République française, le président Hollande est entré dix-sept minutes plus tard dans la citadelle du palais des rois de Majorque de Perpignan, à l’arrière de la voiture du préfet Bidal. Le cortège, composé de six véhicules, comptait aussi une voiture transportant le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Tous deux sont restés près de trois heures dans l’enceinte ultra-protégée du CPIS, le Centre parachutiste d’instruction Spécialisée de l’Armée française, pour rendre hommage aux agents de la DGSE tués en mission en Somalie, à leurs familles et à leur unité d’élite. Comme annoncé, le public, la presse mais aussi des élus pourtant empressés et même des militaires de haut rang ont été tenus à l’écart d’une visite sensible. Seuls les familles et les ‘frères d’arme’ des agents décédés, dont des membres d’unités spéciales basées partout en France, ont pu accéder à l’enceinte. Quelque 200 hommes et femmes, tous agents secrets au service de la France, ont ainsi pu assister à l’hommage rendu par François Hollande à leurs collègues, dont le capitaine Rebout, tués la semaine dernière dans la tentative de libération de leur camarade Denis Allex (les agents utilisent des pseudonymes pour des raisons évidentes de sécurité). Décorations posthumes et longue rencontre avec les familles Rien, ou presque, n’a donc filtré des trois longues heures que le président et son ministre ont consacrées à ces agents secrets. Le drapeau de l’unité perpignanaise s’est incliné devant François Hollande, chef des Armées. Le président a ensuite rendu hommage aux morts et s’est incliné à son tour devant le cercueil du capitaine Rebout. Des décorations ont été remises à titre posthume. Secret des identités obligent, aucune d’entre elles ne fera l’objet d’une publication au Journal officiel. « Nul ne verra, nul ne saura » indique la devise du CPIS. On sait pourtant que François Hollande a pris le temps de saluer les familles des agents tués. Longuement. Comme un ultime et reconnaissant hommage de la Nation à ces hommes de l’ombre. Ces soldats (généralement) sans visage qui vivent, agissent et parfois meurent, au service de leur pays, dans le plus total anonymat. 17 h 10. Un bref salut. Le président quitte le Centre parachutiste d’instruction spécialisée après avoir rendu hommage aux agents morts en Somalie et à quelque 200 de leurs frères d’arme venus spécialement de toute la France et acheminés par bus depuis l’aéroport. Près de trois heures de cérémonie à huis clos en présence des familles endeuillées.

Perpignan : un hommage a été rendu au capitaine REBOUT commando tué en Somalie

obsèques capitaine REBOUT

 

Des centaines de soldats et civils se sont pressés jeudi matin dans l’église de la ville nouvelle du Moulin-à-vent au sud de Perpignan (RAYMOND ROIG / AFP)

avec AFP Midi Libre 24/01/2013, 16 h 53 |

Des centaines de civils et militaires assistaient jeudi à Perpignan aux obsèques d’un des commandos français tués lors du raid infructueux destiné à libérer l’agent Denis Allex en Somalie.

Le capitaine Rebout, 38 ans, est tombé avec l’un de ses camarades au cours du raid mené par une cinquantaine de commandos français dans le sud de la Somalie dans la nuit du 11 au 12 janvier pour tenter, en vain, de libérer l’otage Denis Allex, aux mains des islamistes somaliens. Denis Allex (très vraisemblablement un pseudonyme), un agent de la DGSE enlevé en juillet 2009 dans la capitale somalienne Mogadiscio, a été tué par ses geôliers au cours de l’opération, selon le ministère de la Défense. Le capitaine Rebout appartenait lui-même au Centre parachutiste d’instruction spécialisée (CPIS), l’une des composantes du service action (ex-11ème Choc) de la DGSE qu’il avait rejoint en 2008.

Impossible de dire combien il y avait là d’hommes du CPIS

Des centaines de soldats et civils se sont pressés jeudi matin dans l’église de la ville nouvelle du Moulin-à-vent au sud de Perpignan, là où vit sa famille, sa compagne et leur petit garçon, pour entendre l’éloge d’un homme fidèle qui avait toujours eu l’étoffe d’un chef, selon les témoignages. Impossible de dire combien il y avait là d’hommes du CPIS, habitués au secret. Mais les nombreux camarades en uniforme du 8ème Régiment de parachutistes d’infanterie de marine (RPIMa) de Castres (Tarn), la ville où il avait grandi et où il s’était engagé au « 8 » après son bac, étaient venus signifier que le capitaine Rebout faisait partie de la famille des parachutistes.

Incinéré dans l’intimité familiale

Un ancien compagnon d’armes a salué « un homme d’honneur, un héros, un frère, dans lequel aujourd’hui nous puisons les raisons d’espérer ». Puis ses camarades ont formé une haie d’honneur à la sortie de son cercueil, avant que les porte-drapeaux n’inclinent leurs enseignes sur sa dépouille. La tentative de libération de Denis Allex a coïncidé avec l’intervention militaire française au Mali. Mais Paris assure que les deux opérations n’avaient aucun lien. Le corps du capitaine Rebout devait être incinéré dans l’intimité familiale.

Communiqué Denis Allex

      Mise à jour : 12/01/2013 15:22

Paris, le 12 janvier 2013

Dans la nuit du 11 au 12 janvier 2013, la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE) a mené une opération de vive force visant à libérer Denis Allex, militaire retenu en otage en Somalie depuis le 14 juillet 2009.

Denis Allex avait été enlevé à Mogadiscio alors qu’il effectuait une mission officielle d’assistance auprès du Gouvernement Fédéral de Transition (GFT).

Face à l’intransigeance des terroristes, qui ont refusé pendant trois ans et demi toute négociation, et qui retenaient Denis Allex dans des conditions inhumaines, une opération a été planifiée et mise en œuvre.

Le commando de la DGSE a fait face d’emblée à une forte résistance. Au cours de l’assaut, des combats violents ont eu lieu. Denis Allex a été abattu par ses geôliers, et en tentant de libérer leur camarade, deux soldats ont perdu la vie.

Par ailleurs, 17 terroristes ont été tués au cours des combats.

Les familles des v犀利士
ictimes ont été informées. Le Ministre de la Défense leur adresse ses plus sincères condoléances et s’associe à leur douleur.

Il apporte son total soutien aux personnels de la DGSE dont il salue le courage et le remarquable travail.